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Les correspondances

Ce projet d'échange et d'inspiration texte-image a donné naissance à une petite édition.

Projet réalisé avec Isidore Datsinov (texte)

http://blog-monsieur.blogspot.fr/

 

 

 

Ailleurs, par autre coin, du sang de bière partout et la musique. Ils vont de villages à des villes par véhicules motorisés voir et entendre mais en rentrant ne se souviennent pas des détails, parfois l’ensemble n’est plus que soupe confuse et d’autres qui ont les idées plus claires doivent leur faire le récit des événements. Alors inlassablement et pendant des heures, et aussi à l’attention des vieux fascinés restés auprès du feu, ils racontent l’épopée, le sang de bière et l’eau bleue, la fumée rentrant dans leurs corps et le sang pulvérisé dans le magma des phéromones.

 

Les montagnes brûlent !

 

Subitement à droite et à gauche, les corps brûlent en bougeant d’avant en arrière, tandis que l’autre-eux est à quelques mètres au-dessus, réduits dans le rouge. Le plan s’efface, nous sommes perdus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai la fin, mais pas le début. J'ai le milieu, mais je ne sais pas ce qui s'est passé avant et ce qui s'est passé après. J'ai tous les protagonistes, mais je ne sais pas quand ils se sont rencontrés ni combien de temps ils sont restés ensemble.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai regardé ses yeux, elle ne regardait pas les miens, son regard était concentré dans la direction de ce qu’elle allait faire de ses mains. Ses mains ont perforé le crâne-balle de trois trous, trois trous qui ont commencé à brûler. Odeur de brindilles en combustion, fumée bleue psychotrope, puis quand la combustion atteint la balle-crâne, le jeu des dieux, le caillou-crâne des anciens habitants… Ton crâne détaille-t-elle est un caillou d’os, une machine de langage… La nature de la fumée a changé et nos yeux à nous deux et à ceux qui étaient là ont vu plus que ce que nos mains auraient pu sentir si elles avaient quitté nos poches, nos mains sans pouvoir et les yeux nus pour regarder la fumée nous avaler… Le soleil tourne de l’autre côté de la planète, la température chute et la fumée s’élève en particules dans les nez des frères et des sœurs… Et la terre se soulève en croûte et l’inclinaison générale augmente.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La voix des mouches. Tous les colocataires aboutissent-ils ici, ou certains franchissent-ils le désert ? La fin du voyage est-elle ce qu'on appelle la fin du voyage, ou les limites de l'horizon ne sont-elles que d'autres cloisons de l'appartement infini ? Toute ma vie je n'ai été que locataire des lieux où je passais, et les villes n'étaient que des points plus sombres sur le flanc du continent ; les villes sont toujours intérieures d'intérieurs. Notre voyage est uniquement dans la poussière, de cette poussière noire de résidu d'articulations. Tout est immobile, coulé dans une chaleur fraîche : chaleur dans nos corps au repos, fraîcheur baignant l'intérieur lumineux, le verre, l'attente amoureuse des araignées. Tout est inversé. Tout est dépôt comme au fond des mers, tout est particule nutritive en suspension, et feuilles grasses tapissant les étangs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le sommet de la colline était initialement recouvert d'immeubles, qui ont tous disparu ou sont tous tombés. La ville autour de sa colline et sur ses pentes est restée en place, ou presque, mais le sommet est devenu une forêt si dense que personne n'y va jamais.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le froid n’a jamais empêché les ongles de pousser à la vitesse des plaques tectoniques ni les dents de rester plantées en rang. Les angles tranchants de mes ongles se sont arrondis-adoucis à force de caresser du bois. J’ai tant retourné mes pieds au fond du lit que mes ongles sont devenus des bords minces et durs qui griffent le sol de la cuisine, des armes d’os plantées au bout de mes pas. J’ai les yeux vides du prédateur dans l’attente, je suis triste et embusqué comme une araignée. L’immobilité de fossile insecte m’a appris plus de choses sur le temps et la densité de l’air que ce que les mammifères peuvent espérer savoir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Viens quand tu veux

 

Faire et laisser être, marcher et laisser courir... Tout paysage est beau à voir, toute route est bonne à marcher (sans métaphore), vraiment, toute route, quelle que soit sa qualité, supportera mes pas, car mes pas sont légers et n'engagent que mon poids, qui est faible... Car j'ai une confiance imbécile en la solidité du sol. J'aime aimer, j'aime te respirer, car te respirer ne te coûte, ne me coûte rien. Pourquoi nous a-t-on appris que seules les choses de valeur pouvaient être aimées ? Je ne pousse pas comme les plantes, je ne pousse pas comme les roches, je ne pousse pas comme les cailloux dans les plantes ni comme les escargots dans les salades... Je ne pousse pas comme les villes faites par les gens, tous ces gens tranquilles qui gagnent leurs vies en construisant des villes... Cependant je pousse, j'ai d'eux la vie minuscule. Je pousse mon squelette, je pousse mes câbles, je me pousse dans ta générale direction.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Huesos de Vaca. Mon ami, on peut rester en place autant qu’on peut suivre une piste. Le chemin va tantôt à droite tantôt à gauche, mais c’est toujours le même chemin. Mon ami, toute route est bonne. J’ai eu des nouvelles nous sommes à mi-chemin. Nous sommes deux rivières parallèles qui n’ont pas de confluences, une grande ville laissée aux mains des animaux. La traversée du delta s’annonce difficile. À chaque étape on s’arrête pour la nuit et on fait l’amour. Le delta est large comme une mer. Retourner en arrière jusqu’au prochain pont nous ferait faire un détour de cent kilomètres, soit six jours de marche, alors oublie de retourner vers l’intérieur des terres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si à un certain point, en allant sur ce chemin, tu te rends compte que tu t'es trompé, et que pour retrouver ta route, tu reviens sur tes pas ; tu verras très vite que le chemin à l'envers n'est pas, ne sera jamais le même que celui que tu as emprunté au début. Les arbres n'auront pas le même nombre de fruits, la couleur de la lumière sera différente, et ta voix -si tu avais quelqu'un à qui parler et quelque chose à dire - aurait un timbre timide et à toi-même étranger. Moi, je ne suis qu'une voix fantôme, que tu entends parfois, dont tu te souviens ; mais ma voix te gratte ou te caresse de l'intérieur et reste une ligne plus chaude dans le grand bazar des lignes de ta vie. Le sol n'est pas un repère, le sol est de lignes : des lignes de tuyaux de câble de ficelles et de veines.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dès que tu es partie, j'ai eu si froid

ta présence était chaleur et moi j'étais si peu

Et en m'asseyant tout contre la porte mince, d'où j'entendais s'écrouler le monde, j'ai senti la maison et les choses se refroidir d'un coup.

 

 

 

 

 

 

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