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La philosophie de l'os

Il n'y a rien de plus affreux que de manger une aile de poulet avec une fourchette et un couteau. On passe de longues minutes à essayer de décrocher les petits bouts de viandes. On laisse toujours ces petits morceaux qui sont collés aux os. On sait qu'on loupe le meilleur mais on n'ose pas franchir le cap. Ce petit bout de viande nous fait de l’œil, mais notre voisin nous épie du coin du sien, prêt à remarquer toute maladresse de notre part ou faute de goût. Il a l'air pourtant bon à sucer cet os. On aimerait se cacher dans le noir, être seul avec lui, le mordiller, titiller certaines parties et en lécher d'autres. On y pense mais on n'ose pas. On garde ces fantasmes au fond de nos pensées. Ce petit bout de viande nous regarde encore et encore à nous faire baver par hectolitre mais nous garderons encore nos coudes en dehors de la table, notre fourchette et notre couteau bien en main, et on décortiquera l'os bien sagement tout en n'oubliant pas de remercier l'hôte de maison.

 

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