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L'homme-épouvantail

 

Dans la rue avec nos casques sur nos oreilles, nous ne sommes que des épouvantails mouvants. Nous vivons dans nos petites bulles privées évitant tout contact avec les autres bulles qui se baladent sur le trottoir.

 

Lorsqu’un épouvantail par inattention nous frôle nous lui lançons un regard noir qui éloigne l'oiseau vers d'autres territoires.

 

 

 

Il nous arrive dans certains quartiers de presser le pas et de baisser la tête, pas trop bas pour ne pas voir la misère des rues à nos pieds mais pas trop haut non plus pour ne pas croiser les regards des autres épouvantails. Nous gardons plutôt la tête enfoncée dans nos blousons, le regard vide qui fixe vaguement devant soi pour ne pas tomber. Nous passons dans cet état de nos maisons à nos boulots.

 

 

Nous ne voyons plus la belle fleuriste qui installe ses plantes devant son magasin.

 

Nous ne voyons plus le pauvre qui nous quémande un peu de pain pour manger.

 

Nous ne voyons plus le voleur qui vole un sac à main juste devant nous.

 

 

 

Tout bouge dans un rythme effréné autour de nous et nous restons froid et stoïques comme ces épouvantails au milieu des champs qui installaient pour semer la terreur ne deviennent plus que les railleries des corbeaux qui ont compris l'artifice. L'épouvantail qui trônait avec fierté sur son piédestal, s'effondrera avec le temps dans l'indifférence la plus totale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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