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Armstrong

Ce texte a donné naissance à un livre d'artiste illustré par Salomé Malevergne.

C'est l'hiver de mes huit ans. Par la fenêtre, le bonheur m'appelle. C'est la chute folle des flocons. Je saute dans mon pantalon. J'enfile mon chaud blouson rouge. Je mets mes grosses chaussettes. J’attrape mes gants. Je cours dans la maison. J'évite le petit déj'-Y'a pas le temps-. Je saute dans mes bottes fourrées. Je vais au garage. Je renverse tout. Je finis par sortir du fond de cet antre ma luge poussiéreuse. En un éclair, je suis dehors. Les amis m'attendent déjà. Le tremplin est prêt en bas de la rue. Je prends mon élan et saute dans la luge. Je vais à toute vitesse. Je dépasse le lévrier du voisin. Je slalome pour éviter les grands-mères qui vont chercher leurs pains. J'arrive au tremplin à toute allure. Toutes les personnes du quartier me regardent décoller. Elles lèvent les yeux vers le ciel.

 

 

 

 

J'ai quitté le sol terrestre. Je sens l'air glacial contre mes joues. Je tiens mon bonnet pour ne pas qu'il s’envole. Ici, je me sens bien. Je ne veux pas que ma luge redescende sur la planète terre. Je veux être en orbite, arrêter le temps ou voler avec ma luge comme avec un tapis volant. Je ne veux pas que l'attraction terrestre me prenne dans ses bras. Je ferme les yeux, je ne verrais pas la chute.

 

 

 

 

BALAMBALAM

Je n'ose pas ouvrir les yeux. J'enlève un gant. Je décide de tâter le terrain. Je sens du bout des doigts l'humidité de la neige et dessous la dureté d'une roche. Je tape dessus, elle résonne. Étonné, j'ouvre les yeux. J'ai atterri sur le toit d'une maison. Tout le quartier me regarde. On veut me faire descendre. Un voisin a appelé de chez lui les pompiers pour qu'ils viennent me chercher. Le quartier est terrorisé, je regarde ce paysage qui s'étend à perte de vue. Je suis heureux de pouvoir rester encore un peu entre ciel et terre.

 

 

 

 

 

 

 

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